Le Bénélux, un moteur européen contre le vol de vélo ?

Le Bénélux, un moteur européen contre le vol de vélo ?

05 novembre 2025 · Luc Goffinet

Benelux Bike Roadmap

Les bases d’une stratégie pour lutter contre le vol de vélo à l’échelle du Benelux viennent d’être été dévoilées officiellement à Bruxelles. Cette initiative devrait lancer le débat à l’échelle européenne. Dans le même temps, les associations cyclistes belges et néerlandaises ont pu présenter au Benelux leurs demandes pour une politique vélo transfrontalière plus efficace. Car les enjeux que constituent le vol, la cyclo-logistique, les traversées de frontières à vélo, la standardisation des données vélo, etc. méritent une réelle approche supranationale.

Lors de la journée “Cycling Ahead: Innovative Benelux Policy & Concepts for a Shifting Society” organisée ce mardi 4 novembre au siège du Benelux à Bruxelles, une note officielle pour une approche transfrontalière de lutte contre le vol de vélos a été dévoilée. En voici les trois recommandations concrètes :

  1. Accélération des enquêtes grâce à l’harmonisation des données policières
    Les services de police échangeront mieux leurs données, permettant d’identifier et de retrouver plus rapidement les vélos volés – même s’ils réapparaissent dans un pays voisin.
  2. Renforcement de la coopération policière
    L’approche s’appuie sur le traité de police Benelux de 2023, qui facilite la coopération transfrontalière, notamment pour les contrôles conjoints ou les enquêtes partagées.
  3. Interconnexion des systèmes nationaux d’enregistrement de vélos
    En reliant des systèmes comme la plateforme belge MyBike – qui compte déjà plus de 150.000 vélos enregistrés – aux pays voisins, les droits de propriété d’un vélo peuvent être vérifiés plus rapidement. Cela aide à la fois les enquêtes et la protection des acheteurs sur les marchés de seconde main. MyBike a déjà permis de retrouver 14,5 % des vélos volés.

Cette initiative du Benelux (et de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie) est un modèle inspirant de volonté politique, qui pourrait servir d’embryon à une stratégie européenne contre le vol de vélos. A l’instar de la Déclaration vélo du Benelux de 2020, qui a servi de base à la Déclaration vélo européenne signée par tous les pays de l’Union en 2024.

Les demandes des associations cyclistes écoutées

Lors de cette journée, les associations cyclistes du Benelux (Avello, Fietsersbond BE & Fietsersbond NL) ont pu présenter leur histoire, leurs succès et leurs demandes pour une politique vélo transfrontalière efficace. Parmi celles-ci on peut épingler :

  • Des liaisons vélo transfrontalières performantes (comme Arlon-Luxembourg, un bel exemple en cours de concrétisation)
  • Des réseaux cyclables touristiques bien interconnectés (Points Noeuds, Eurovelos), avec des cartes/labels d’accueil uniformisés
  • Un transport amélioré des vélos dans les trains internationaux (Eurostar, TGV, IC, trains de nuit)
  • Un enregistrement des vélos dans des registres nationaux interconnectés
  • Une politique policière transfrontalière efficace pour poursuivre les voleurs de vélo

Une « feuille de route vélo » pour le Benelux (depuis 2022)

L’intérêt du Bénélux pour le vélo ne date pas d’aujourd’hui. En 2022, le Benelux (avec la Rhénanie-du-Nord-Westphalie) s’est doté d’une Feuille de route vélo pour doper les flux cyclables transfrontaliers et stimuler davantage l’usage du vélo dans nos régions. Voici les mesures phares que l’on peut y trouver :

  • La production d’une étude sur les coûts/bénéfices du vélo (lien ci-dessous)
  • La standardisation des données vélos (déplacements, infrastructures, vol, accidents)
  • Le développement du tourisme à vélo (éco-tourisme) entre les pays concernés par :
    • la réalisation de chaînons manquants transfrontaliers
    • un transport longue-distance facilité des vélos en train
    • une cartographie transfrontalière des itinéraires vélo
  • Une évaluation des expériences de redistribution de l’espace urbain en faveur du vélo
  • L’organisation d’une conférence régionale sur la cyclo-logistique
  • L’organisation d’une table ronde sur les speed pedelecs
  • La mise en place d’échanges d’expertise vélo plus structurés entre les régions
  • Un lobbying européen commun pour des directives plus ambitieuses en matière de vélo

On se réjouit bien entendu de cette volonté commune des quatre acteurs de mettre en commun ce qu’ils font de mieux en matière de politique cyclable, de se relier entre eux par un réseau cyclable transfrontalier, mais aussi et surtout de peser dans le débat européen, via un lobbying commun. Le coeur de l’Europe se place ainsi au centre du jeu pour une politique cyclable européenne plus ambitieuse.