Une concertation innovante autour de la N6

La nationale 6 est une chaussée tracée au 18e siècle pour joindre Bruxelles à Maubeuge en passant par Mons, Tubize, Braine-le-Comte et Soignies. Dans la seconde moitié du 20e siècle, elle est devenue l’un des axes automobiles majeurs de ce bassin de vie. Si quartiers d’habitat et activités économiques en ont bénéficié pour se développer, les infrastructures cyclables peinent à y trouver leur place.

Depuis 2023 Avello Braine-le-Comte souhaite interpeller le monde politique à ce sujet, et spécifiquement la Région, gestionnaire de cette voirie. L’intention est de visibiliser les très nombreuses difficultés à vélo de cette chaussée, pourtant reconnue comme étant à fort potentiel cyclable. Pour renforcer son travail sur ce dossier, Avello Braine-le-Comte va ensuite convier Avello Soignies, Tubize et Mons à prendre part au travail de réflexion pour améliorer la cyclabilité de la N6.

Au bout de quelques séances, un premier diagnostic est élaboré, alimenté par les cyclistes d’Avello. L’intention est de produire un document qui exposera la problématique, mais veillera aussi à formuler des pistes d’amélioration « pour une N6 cyclable de Mons à Hal ».

N6 à la jonction entre Soignies et Braine-le-Comte

Tous les acteurs autour de la table

Tracé de la N6 entre Mons et Halle

En octobre 2025, une synthèse est prête et transmise au ministre wallon en charge de la Mobilité. Le document, reprenant d’une seule voix les demandes de plusieurs locales Avello, l’incite à initier une rencontre pour le partager avec les opérateurs de terrain. Le 20 novembre, les différentes locales Avello sont invitées à une réunion en présence :

• Des échevins et conseillers en mobilité de Mons, Soignies, Braine-le-Comte et Tubize
• Des chefs des districts routiers de Mons, Soignies et Nivelles
• Des représentants du SPW Mobilité et Infrastructure
• Du Ministre Desquesnes et de son cabinet qui mènent la réunion

La rencontre débute par la présentation de la démarche du groupe de travail : une contextualisation, puis la méthodologie ayant visé à objectiver le ressenti des cyclistes qui partagent ici leur expérience. La cyclabilité de la N6 est ensuite exposée, commune par commune, avec des points d’attentions sur les améliorations tactiques d’une part, et projets plus ambitieux d’autre part.

En effet, le groupe de travail a d’emblée compris que la démarche devait s’inscrire dans un cadre pragmatique pour atteindre son objectif. Ainsi, les demandes ne vont pas dans le sens d’une cyclostrade sur toute la longueur de la voirie, mais plutôt d’adaptations de vitesses, de marquages et de reprofilages de voiries, etc. Ceci, afin d’apporter rapidement des solutions durables, tout en invitant – sur le long terme – à anticiper des aménagements plus ambitieux, là où toute infrastructure est absente ou obsolète.

Des solutions pragmatiques

Suite à cette présentation, les chefs de district du SPW reçoivent la parole pour partager leurs réactions, puis les échevins. Les grands projets initiés ou en cours d’étude sont ainsi cités, tandis que des mécanismes et opportunités pour améliorer la situation sont rappelés :

• Les opportunités des baux d’entretien (signalétiques, marquages rafraichis/actualisés,…),
• Le raclage-pose qui permettrait de recalibrer certaines voiries, au fil des ans,
• Les marchés de circulation routière et de réhabilitations complètes, plus exceptionnels mais susceptibles de survenir sur certains tronçons.

Le levier des charges d’urbanisme complète cette liste pour travailler de façon ponctuelle à résoudre des situations conflictuelles, via le développement de projets privés. Enfin, le cadre européen est rappelé, en citant notamment la nécessité de prendre l’avis des usagers « actifs » et les outils développés pour garder trace des interpellations concrètes.

Quelles suites à ce processus ?

La rencontre se conclut par l’annonce de réunions périodiques à déterminer (une à deux fois par an) qui regrouperont les différentes entités publiques et les représentants locaux de Avello. Ces moments affineront la qualité des projets pour une réponse aux besoins réels du quotidien des cyclistes sur cet axe, notamment par une co-construction en amont de la conception.

De leur côté, les locales se structurent davantage, en formalisant le « groupe de travail N6 » pour continuer de s’exprimer en parfaite concordance dans la suite du dossier, et contribuer ainsi à une cohérence cyclable – efficace, sûre et confortable – sur les 35 km de nationale qui relient Mons à Hal.

Avello est partisan depuis toujours d’une large concertation avec le SPW et les communes sur les aménagements cyclables. Celle-ci n’est toutefois pas souvent facile à concrétiser, tant la méfiance de certains acteurs publics à prendre en compte l’avis des usagers reste grande. On se réjouit donc que le Ministre de la mobilité wallon soutienne cette concertation et se révèle partisan d’un dialogue positif et structuré avec les associations représentatives des usagers, comme il le souligne dans la presse :

Cette première réunion est le point de départ d’un dialogue structuré entre les communes, le SPW et les représentants des usagers cyclistes via les équipes locales d’Avello. Je souhaite que ce dialogue devienne une habitude structurelle, avec des rencontres plénières régulières et un travail de fond avec les districts routiers du SPW MI. Ensemble, nous devons identifier les aménagements prioritaires, les quick-wins, nous devons dessiner une vision cohérente à long terme pour la N6

©  Photo de couverture avec l’aimable autorisation de Vincent Hamelryckx