500 jours sans gouvernement à Bruxelles: et si on repartait dans le bon sens?

500 jours sans gouvernement à Bruxelles: et si on repartait dans le bon sens?

22 octobre 2025 · Laurence Lewalle et Delphine Morel de Westgaver

Une grande table de meeting est vide

Ce 22 octobre 2025 a marqué le 500e jour sans gouvernement à Bruxelles, depuis les élections de juin 2024. Face au blocage politique qui persiste Le Soir a proposé d’interpeller une ou plusieurs personnalités politiques, qu’elles soient bruxelloises ou pas, sur des thématiques qui nous tiennent à cœur.

Laurence Lewalle, directrice, et Dephine Morel de Westgaver, présidente d’Avello, ce sont prêtées à l’exercice avec le texte suivant :

Monsieur Laaouej,

A l’aube de ces 500 jours sans gouvernement, nous souhaitons attirer votre attention sur le rôle essentiel du tissu associatif bruxellois. Les associations, souvent discrètes, accomplissent pourtant chaque jour un travail d’utilité publique. Ce travail, reconnu et anciennement plébiscité par les pouvoirs publics eux-mêmes, serait impossible à reproduire à coûts constants dans la sphère administrative. Sans l’associatif, il faudrait dépenser bien plus pour obtenir bien moins. Supprimer ou fragiliser ce secteur, c’est inverser le rapport coût-bénéfice actuel : la société deviendrait à la fois plus chère et moins performante.

Mais au-delà de la question économique, c’est la dimension humaine et démocratique qui est en jeu. Le monde associatif, c’est le lieu de la rencontre, du dialogue et du projet collectif. Il relie les citoyens entre eux, toutes générations confondues, et contribue à la vitalité démocratique. Dans une ville aussi diverse et complexe que Bruxelles, ce rôle n’est pas accessoire, il est vital. Notre association, active sur les enjeux de mobilité, en est un exemple concret.

Dans une capitale saturée par les embouteillages, confrontée à des défis de qualité de l’air, de sécurité routière et de partage de l’espace public, nous travaillons à construire des solutions durables et inclusives. Chaque jour, plus d’un million de Bruxellois et de Bruxelloises se déplacent : la mobilité ne peut être un sujet secondaire. Elle conditionne en réalité l’accès à tous les autres droits fondamentaux – se loger, travailler, se soigner, s’éduquer, maintenir un lien social ou simplement participer à la vie citoyenne. Sans mobilité, ces droits deviennent théoriques. Intégrer pleinement la variable mobilité dans les politiques de logement, d’emploi et d’urbanisme, c’est agir à la racine des inégalités.

Et sur ce terrain, le vélo représente un levier particulièrement efficace : un euro investi dans le vélo rapporte trois euros à la société, chaque cycliste génère annuellement un bénéfice social compris entre 260 euros et 695 euros [1]. Or, en Région bruxelloise, les investissements vélo s’élèvent à dix millions d’euros par an pour 10 % des déplacements. A titre indicatif, les transports en commun reçoivent 1,2 milliard pour 22 % des trajets, soit 54 fois plus. Le calcul est simple investir dans le vélo coûte peu et rapporte beaucoup. Soutenir les associations actives dans ce domaine, c’est donner une voix aux usagères et usagers actuels et futurs, c’est aussi permettre la conception de projets économes, efficaces et porteurs d’avenir.

Monsieur Laaouej, former un gouvernement, c’est choisir un cap. Nous osons croire que le Parti socialiste restera fidèle à ses valeurs et ne transigera pas sur le soutien à une société solidaire, efficace et respirable – ce qui passe nécessairement par un appui clair, durable et structurant au monde associatif et à la mobilité active. Nous restons disponibles pour en parler de vive voix avec vous

Alors pourquoi s’adresser à Monsieur Laaouej?

Parce qu’à Bruxelles, le Parti socialiste occupe une place centrale dans le paysage politique francophone. Arrivé deuxième aux élections régionales de juin 2024, il détient une part de responsabilité dans la sortie de crise institutionnelle actuelle. Le PS a par ailleurs été un acteur clé des précédentes législatures : c’est sous les majorités qu’il a dirigées que le plan Good Move a été élaboré (2014-2019) puis approuvé (2019-2024).

Or, durant la dernière campagne électorale et à la sortie des urnes, certaines prises de position du parti ont marqué un recul par rapport à ces engagements, notamment par le vote du report de la zone de basses émissions (LEZ), décision ensuite annulée par la Cour constitutionnelle. Ce signal, dans un contexte d’urgence climatique et de congestion urbaine, a semé le doute quant à la continuité des politiques de mobilité durable à Bruxelles.

C’est pourquoi nous interpellons directement Monsieur Ahmed Laaouej. En tant que président du Parti socialiste et figure majeure du paysage politique bruxellois, il a le pouvoir d’impulser un cap clair, fidèle aux valeurs de solidarité, de justice sociale et de durabilité. Nous l’invitons à renouer avec l’ambition initiale d’un Bruxelles plus respirable, plus accessible et plus équitable, et à contribuer à la formation d’une majorité qui fasse de la mobilité douce et décarbonée une priorité partagée.