Avello & Fietsersbond, rencontre de deux associations sœurs
Avello & Fietsersbond, rencontre de deux associations sœurs
17 octobre 2025 · Sophie Vermeyen
En Belgique, les cyclistes francophones sont représenté·es par Avello et les néerlandophones par le Fietsersbond. Si les deux associations sont indépendantes l’une de l’autre, leur objectif est le même : faire du vélo une évidence pour toutes et tous. Leur méthode est également similaire puisque, au Nord comme au Sud du pays, des citoyen·nes se réunissent bénévolement pour réclamer de meilleures infrastructures cyclables dans leur commune – on notera la particularité de la région bruxelloise, où les groupes locaux font partie à la fois du Fietsersbond et d’Avello.
Objectif commun et méthodes similaires constituent de bonnes raisons pour franchir la frontière linguistique et se rencontrer. Ainsi, trois rendez-vous ont été fixés cet automne avec les membres des deux associations : Gand, Liège, Malines. À chaque journée, sa visite de terrain – à vélo bien sûr –, son repas convivial et son partage d’expériences – in het Frans en Nederlands natuurlijk. Bilan de ces excursions joyeuses et riches en découvertes.
Des aménagements toujours perfectibles
Si on compare la Flandre à la Wallonie et Bruxelles, le constat est sans appel : les aménagements cyclables y sont plus développés, les vélos plus nombreux et les cyclistes aux profils plus variés. Quand on sait que le principe « STOP »[1] est né en Flandre et qu’il y influence les décisions en matière de mobilité, cela se comprend aisément. Toutefois, les francophones ont pu se rendre compte que tout n’est pas rose en matière de cyclabilité dans le Nord du pays, et que la militance citoyenne a encore de beaux jours devant elle.
À Malines, par exemple, l’entièreté du centre-ville est composée de zones cyclables. Cela signifie que les cyclistes sont autorisé·es à utiliser toute la largeur des bandes de circulation, que les véhicules motorisés ont l’interdiction de les dépasser et que la vitesse est limitée à 30 km/h. Ce type d’infrastructure fait rêver – d’autant plus qu’il ne nécessite pas d’aménagements coûteux – mais ne s’avère pourtant pas toujours pertinent et peut créer des conflits. Une zone cyclable ne se conçoit en effet pas de manière isolée mais s’envisage dans le cadre d’un réseau cyclable et d’un plan de mobilité global. Par ailleurs, les conditions sont nombreuses pour que les cyclistes s’y sentent véritablement en sécurité et pour que les automobilistes intègrent la place qui leur est allouée : faible volume de trafic motorisé, flux cycliste important, largeur de chaussée et longueur de tronçons réduits…
À Malines comme ailleurs, les membres des associations cyclistes ont la connaissance du terrain et la légitimité pour dialoguer avec la commune afin de s’assurer que les zones cyclables soient conçues correctement, mises en place de manière adéquate et, enfin, respectées.

Malines
À Gand, les flux cyclistes sont si importants qu’ils rendent certains aménagements vélo (gare, passerelle, passage sous pont…) inadéquats. De plus, la cohabitation entre cyclistes peut poser problème quand les vitesses des un·es et des autres sont trop différentes. Ces problématiques ne sont pas (encore) (trop) présentes en Wallonie ou à Bruxelles, mais leurs prémices se font sentir – sur les passerelles qui enjambent la Meuse à Namur et Liège, à la gare de Mons, sur la petite ceinture à Bruxelles… Par ailleurs, l’électrification et la diversification des vélos et autres engins de déplacement contribuent à augmenter le différentiel de vitesse entre les usager·ères.
L’expérience gantoise peut servir d’exemple ; elle met en évidence la nécessité de tenir compte des futurs flux et vitesses des vélos pour développer une politique cyclable ambitieuse. Elle confirme également le besoin de créer, dans certains cas, des pistes cyclables non obligatoires – une revendication de longue date d’Avello qui devrait voir le jour dans le nouveau code de la voie publique en 2027.

Gand
Contextes différents, militance similaire
Malgré des divergences de terrain évidentes, il est étonnant de constater à quel point les enjeux et les méthodes des deux associations se rejoignent : Fietsersbond et Avello impliquent les citoyens en imaginant des actions ludiques, positives et visuelles ; invitent les responsables politiques à visiter la commune à vélo ; rendent publics les constats et demandes sur leurs réseaux sociaux et via les médias ; multiplient les canaux de communication et modalités d’implication (collective mais aussi individuelle) ; nouent des liens avec les comités de quartier… Avello est reconnue comme une association d’éducation permanente, et la démarche menée en Flandre est la même : observer d’abord la façon dont nous nous déplaçons ou dont nous aménageons et partageons le territoire, puis analyser le constat : pourquoi est-ce comme cela? Quelles sont les conséquences de cet état de fait? Que désirons-nous? Vient alors la participation à la vie sociale, économique, culturelle et politique : c’est la phase de l’action pour essayer de changer la situation initiale et transformer la société.
Au niveau de la relation avec les pouvoirs publics aussi, les similitudes sont importantes entre les deux associations. Militer pour le vélo au niveau local, c’est marcher sur une corde raide : il s’agit d’une part de dénoncer – parfois de manière intense – ce qui fait défaut et d’autre part de collaborer avec les politiques et administrations. Il importe donc d’instaurer un dialogue constructif et une relation de confiance avec la commune, de maîtriser les dossiers, de veiller à travailler avec tout le monde (la question du vélo n’est pas partisane), de créer un récit positif pour contrer le bikelash [2]…
Enfin, force est de constater que les membres du Fiestserbond et d’Avello se ressemblent. Des deux côtés, on se pose les mêmes questions : comment recruter des membres? Rajeunir, féminiser et diversifier les groupes locaux?
Gardons contact
Les trois visites ont plu, et l’envie de se revoir est manifeste. Échanger leurs bonnes pratiques et réflexions semble utile aux membres du Fietsersbond et d’Avello, qui souhaitent aussi allier leurs forces sur des enjeux communs. Pourquoi ne pas organiser à nouveau ce genre de rencontres en milieu rural ? Et inviter aussi des bénévoles germanophones pour connaître leur réalité ?
[1] Le principe « STOP » renverse la hiérarchie des modes de déplacement en plaçant la marche comme mode prioritaire, suivie du vélo, des transports en commun et, en dernier lieu, de la voiture individuelle.
[2] Le bikelash est une réaction négative ou hostile envers les cyclistes, en particulier de la part des automobilistes ou des forces de l’ordre.