Sécurité subjective : différences de perception entre cyclistes, piétons et automobilistes

Sécurité subjective : différences de perception entre cyclistes, piétons et automobilistes

06 septembre 2024 · Luc Goffinet

Voorburg Netherlands March 22, 2019 View of unknow...

La sécurité ressentie dans des situations de mixité cycliste/piéton/voiture varie très fortement selon le type d’usager que l’on est. Quels aménagements procurent-ils la meilleure sécurité subjective ? Une étude berlinoise révèle sans surprise la palme d’or (la séparation des modes), mais propose aussi des conseils judicieux quand ce n’est pas possible.

En 2020, une grande enquête a été menée à Berlin, dans le but de mieux cerner la sécurité subjective de chacun (piéton, cycliste, automobiliste) dans différentes situations de cohabitation vélo/voiture, sur les grands axes et dans les rues secondaires, ainsi qu’en mixité piéton/vélo sur les trottoirs partagés.

Les 21.500 participants à ce sondage se sont vus proposer une série de photos de situations de cohabitation et ont du leur attribuer une note de sécurité. Avec des variantes d’aménagements, de régimes de vitesse (30 ou 50 km/h), de volumes de trafic et de présence ou non de stationnement automobile. Les réponses se faisaient sur une échelle comportant seulement quatre niveaux : sécurisante, plutôt sécurisante, peu sécurisante, insécurisante.

Sécurité sur les grands axes

Trois types d’aménagements ont été soumis au jugement des automobilistes et des cyclistes.

Sans suprise, un grand axe à 50km/h équipé de pistes cyclables séparées est la solution jugée la plus sûre tant par les automobilistes que les cyclistes. La piste marquée est quant à elle jugée sûre essentiellement par les automobilistes, mais moins par les cyclistes. L’appréciation de ces derniers augmente quand elle est colorée et dotée d’une zone tampon avec les voitures qui roulent, mais fond beaucoup quand la largeur de celle-ci se réduit et qu’elle est bordée de stationnement latéral (même avec une zone tampon) :

Sécurité dans les rues secondaires

Trois situations types ont été ici soumises aux sondés :

  • une rue sans aucun aménagement cyclable
  • une rue cyclable (cycling boulevard) bien visibilisée au sol
  • une rue cyclable avec juste des pictos vélos (discrets) au sol

Le jugement est clair : aucune de ces trois situations ne rassure la majorité des cyclistes, ni même les automobilistes. La seule option qui frôle la mention « satisfaction » est la rue cyclable lisible, c’est à dire celle que l’on identifie clairement dès qu’on s’y engage en voiture.

Les auteurs de l’étude notent toutefois que le sentiment de sécurité du cycliste augmente en l’absence de stationnement latéral et, bien sûr, quand le volume de trafic est faible et que la vitesse est limitée à 30km/h.

Sécurité sur les trottoirs partagés

Ici ce sont les piétons et les cyclistes qui ont exprimé leurs avis sur ces situations de mixité.

Par rapport aux cyclistes, les piétons estiment les différents scénarios moins sûrs. Les zones tampons entre la piste cyclable et l’espace piéton augmentent toutefois fortement leur sécurité subjective (la zone herbagée tient le haut du pavé), tandis que les commerces qui occupent une partie du trottoir la diminuent.

5 recommandations

Sur base de ces résultats les chercheurs allemands formulent cinq recommandations :

  1. Une séparation physique est appréciée par tous les usagers de la route et semble préférable pour un niveau élevé de sécurité subjective (et objective)
  2. En l’absence de séparation, les pistes cyclables doivent être aussi larges que possible.
  3. Si elles sont étroites, il est important d’éviter le stationnement à leur droite.
  4. Les rues cyclables donnent un sentiment (relatif) de sécurité au cycliste, à condition qu’elles soient visibles et lisibles de manière flagrante.
  5. Les cyclistes se sentent en sécurité sur les trottoirs, mais au détriment de la sécurité subjective des piétons. Une séparation tangible peut atténuer cette divergence.