Vol de batteries de vélos électriques : un nouveau fléau qui fragilise la mobilité
Vol de batteries de vélos électriques : un nouveau fléau qui fragilise la mobilité
29 septembre 2025 · Laurence Lewalle & Luc Goffinet
Le vol de batteries de vélos électriques est une menace qui fragilise la mobilité durable, taxe financièrement les usagers et alimente un marché parallèle illicite. Sans une réaction coordonnée de tous les acteurs (fabricants, pouvoirs publics, assurances et usagers) le phénomène risque de continuer à peser sur l’adoption sereine du vélo électrique. Les propositions portées par Avello vont dans ce sens : rendre la déclaration de vol moins pénible, améliorer l’identification des batteries et adapter les outils tels que MyBike aux nouveaux types de vol.
Le vol de vélos reste un problème majeur: on estime à presque 100.000 le nombre de vélos volés chaque année en Belgique. Mais au-delà du cadre et du vélo complet, une autre tendance inquiétante se dessine : la recrudescence des vols de batteries pour vélos à assistance électrique (VAE). Ces batteries, composant coûteux et amovible, deviennent une cible privilégiée : quelques secondes suffisent parfois pour les déloger et partir. Le coût de remplacement est loin d’être négligeable : selon les modèles, une batterie peut valoir entre 500 et 1000 €, ce qui explique l’attrait pour les voleurs et la douleur financière pour les victimes.
Pourquoi le phénomène s’aggrave ?
- Les batteries sont souvent amovibles et faciles à emporter en quelques secondes, contrairement au cadre ou aux roues
- Le marché de la revente de pièces détachées – parfois informel – rend le recel rentable
- Les procédures actuelles (déclaration, traçage, sanctions) lentes et peu efficaces renforcent le sentiment d’impunité
Les demandes portées par les associations cyclistes
Avello et le Fietsersbond ont mis récemment le sujet du vol de batteries à l’ordre du jour de la Commission vélo interfédérale, en avançant des pistes concrètes. Nos demandes principales sont les suivantes :
- Adapter la plateforme de déclaration de vol de la police pour permettre la déclaration en ligne d’un vol de batterie
- Actuellement, la victime doit se rendre au commissariat pour faire la déclaration, ce qui complique la démarche et décourage les victimes.
- Intégrer un champ « numéro de série batterie » dans la plateforme MyBike
- Aujourd’hui toutes les batteries n’ont pas encore de numéro de série, mais à partir de 2030 celui-ci sera obligatoire au niveau européen. Il est donc important d’anticiper.
- Permettre que le sticker « MyBike » soit dédoublé
- un sticker pour le cadre et un sticker spécifique pour la batterie, facilitant l’identification et le repérage
- Renforcer les moyens humains dédiés au vol de vélo, pour réduire le sentiment d’impunité et améliorer élucidation et récupération
Conseils pratiques pour les cyclistes
Voici quelques mesures que tout propriétaire de vélo à assistance électrique peut adopter pour réduire, de son côté, le risque de vol :
- Enlever la batterie à chaque fois que vous laissez votre vélo sans surveillance (magasins, arrêt prolongé)
- Personnaliser la batterie : la peindre ou la marquer de manière visible pour qu’elle soit identifiable et moins revendable
- Griffer légèrement (sans endommager le fonctionnement) la coque pour laisser une trace d’identification
- Ne pas acheter de batteries de seconde main sur des circuits douteux — cela nourrit le marché du recel
- Vérifier votre assurance : certaines assurances proposent une extension qui couvre le vol de batterie.
- ProVelo a récemment publié un comparatif des polices d’assurance qui incluent le vol de la batterie seule
Quelques innovations technologiques récentes
Pour contrer le marché de la revente, certaines marques développent des protections numériques qui rendent la batterie inutilisable une fois déclarée volée ou verrouillée. Bosch, par exemple, a présenté une fonction « Battery Lock » qui permet de verrouiller numériquement la batterie via une application ou un écran intelligent : si une batterie verrouillée est insérée dans un autre vélo doté du système intelligent, le moteur ne s’active plus — rendant la batterie sans intérêt pour le voleur.
Il existe par ailleurs des systèmes qui permettent de cadenasser la batterie au cadre du vélo, mais ceux-ci peuvent empêcher aussi de la sortir facilement pour une recharge. Ces solutions techniques peuvent toutes fortement dissuader le vol, mais elles ont un coût (et parfois des conditions d’accès comme un abonnement à un service). Toutes ces solutions ne sont pas non plus applicables à tous les vélos électriques circulant actuellement…
Conclusion
Le vol de batteries fragilise la mobilité durable, taxe financièrement les usagers et alimente un marché parallèle illicite. Entre mesures individuelles, innovations techniques et actions publiques, il y a des leviers concrets pour freiner ce fléau. Les propositions portées par Avello vont dans ce sens. Il faudra toutefois une réaction coordonnée de tous les acteurs (fabricants, pouvoirs publics, assurances et usagers) pour réellement endiguer le phénomène. Sinon c’est l’essor même du vélo électrique qui est menacé.
En savoir plus
- Le vol de batteries de vélos électriques : le nouveau tour de force des trafiquants (RTBF)
- Vol de batteries de vélo : comment s’en prémunir ? (BX1)
- MyBike : un registre national pour lutter contre le vol de vélos (Avello)
- Bosch propose une solution technique pour ne plus se faire voler la batterie de son vélo (RTBF)